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Vas-y à fond ! Mais n’oublie pas, toute cette aventure n’est pas un marathon, c’est ...

... c'est l’ultra-trail du Mont-Blanc ! Ne te crame pas dès les premiers kilomètres ! 🏃🏼‍♀️


#dessinàdessein est une série sur le thème de la transformation, qu’elle soit à l’échelle de l’individu, d’un collectif ou de l’environnement dans lequel nous évoluons. Ces écosystèmes à différentes échelles viennent s’imbriquer et s’influencer mutuellement pour le maintien d’une forme d’équilibre global. Toutefois, dans ce monde vivant et incertain, des événements viennent bousculer cette homéostasie et donnent une nouvelle dynamique au cours de notre vie.

Le bouleversement climatique n’est plus une hypothèse, pour la première fois de l’histoire (depuis que l’on mesure), le thermomètre a frôlé cette année les 40°C à Paris dès le 17 juin. 🥵 🌡 Face à cette réalité, que pouvons-nous faire, chacun à son échelle ? 🧯 🌏

Pour ma part, j’ai envie de vous partager une action concrète, basée sur une expérience entrepreneuriale canadienne qui apporte une solution pragmatique au recyclage de certains plastiques expansés : Polystyvert.

C’est ainsi que j’ai échangé avec Solenne Bouard Gaillot, fondatrice de Polystyvert.


👉🏻 Comment est née l’aventure Polystyvert ?

« A la fin de mes études, je suis partie au Canada où j’ai travaillé dans plusieurs compagnies d’aéronautique 🌏 ✈️. Ma dernière expérience professionnelle avant Polystyvert était chez Intrado, une société de servers IP pour Data Centers et j’avais envie de progresser dans l’entreprise. Je trouvais le job de mon manager très intéressant, mais je me suis rendu compte qu’à 29 ans, on ne me donnerait jamais ce genre de poste (mon boss avait 50 ans). Je me suis dit, hors de question d’attendre, si je veux un boulot comme ça et que personne n’est prêt à me le donner, la seule façon de l’avoir est de le créer. »


👉🏻 Qu’est-ce qui était essentiel pour toi dans le choix du business que tu souhaitais créer ?

« J’ai toujours eu une forte appétence pour les problématiques liées à l’environnement. Le recyclage des plastiques était déjà un sujet dont on parlait à l’époque et je me disais qu’il y avait quelque chose à faire. L’univers du plastique est large et au Québec, l’industrie du polystyrène est particulièrement forte. Lorsque j’ai réalisé mes recherches, cette forme de plastique est ressortie en premier comme étant peu recyclée, alors qu’elle est fortement recyclable.

Une des problématiques du polystyrène est qu’il s’agit d’un matériau expansé, le déplacer vers un site de recyclage génère donc un coût assez étonnant pour déplacer ce qui n’est finalement que de l’air !

La notion d’innovation m’est apparue essentielle également. Si ça ne fonctionne pas et que l’on veut un résultat différent, il faut créer une méthode disruptive. »


👉🏻 Quelle est la mission de Polystyvert ?

« Notre mission est de mettre en place une économie circulaire dans les plastiques styréniques ». ♻️


👉🏻 Sur quoi et sur qui t’es-tu appuyée pour sortir de l’aspect théorique de la « logique disruptive » ?

« Comme j’ai une optique commerciale, je voyais ces tonnes de plastiques non recyclées alors que le marché était en demande de polystyrène recyclé. Tout cela vient donc de la logique de marché. Je me suis documentée et je me suis demandée pourquoi le polystyrène n’était pas davantage recyclé. 🤔 Les sujets liés à la contamination et au défi d’enlever les saletés contenues dedans était une des principales raisons. Dans mes recherches, j’ai découvert le mémoire de Marine Hadengue, étudiante à l’Ecole Polytechnique de Montréal.


🔎 Elle y présentait une technologie existante au Japon sur la dissolution des polystyrènes. A l’époque, peu de connaissances existaient sur les performances de ces méthodes et les capacités à les déployer à grande échelle et les breveter.

Je me suis alors lancée dans une étude de faisabilité pour laquelle je suis allée lever des fonds auprès de Recyc-Québec.


💡 J’ai réalisé l’étude de marché et sous-traité l’étude technique a un chimiste 🧪que j’ai embauché pour lui faire refaire les procédés imaginés chez Sony au Japon, un gros consommateur de polystyrène. »


👉🏻 Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

🤔 « La première étude technique n’a absolument pas fonctionné, mais nous sommes arrivés avec un indice de viscosité de 300g par 10 min et je l’ai tout de même soumis à Recyc-Québec pour leur demander une subvention afin de poursuivre les recherches.

🤔 J’ai ainsi obtenu un demi-million de dollars et je suis allée voir Technologies du Développement Durable du Canada (TDDC) qui se situe au niveau fédéral et là, j’ai obtenu à nouveau un demi-million de dollars. »


👉🏻 Cela signifie qu’à ce moment-là tu avais levé 1 million de dollars avec une étude de marché et une étude de faisabilité technique sans avoir la solution techniquement viable à l’échelle ?

« Oui, à ce moment-là je n’avais qu’un business case, à 1 million de dollars. 😅 J’ai donc embauché un deuxième chimiste 🧪 pour réitérer l’étude technique différemment et ça n’a toujours pas fonctionné. Mais ce deuxième chimiste a eu le réflexe de retourner voir son professeur à l’Université du Québec à Trois Rivières, le professeur Roland Côté est ainsi monté à bord.

Il a changé le solvant, l’anti-solvant, la méthode de séparation, etc… le processus a été intégralement revu et le résultat a non seulement fonctionné, mais était également totalement innovant par rapport au procédé japonais. 👍🏻 C’est ainsi que j’ai réalisé une demande de brevet. »


👉🏻 Intéressant de voir que cette succession d’échecs a permis d’aller beaucoup plus loin sur l’aspect novateur de la solution. A ce moment-là, tu travaillais depuis combien de temps sur le projet ?

« Nous avons déposé la demande du premier brevet en 2013, ce type de processus prend cinq ans et représente un coût de 100 000 $. »


👉🏻 Comment as-tu organisé ta transition du salariat à l’entrepreneuriat et cette période de recherche de 4 ans ? 🤔

« La transition s’est faite naturellement. Au Canada, le congé parental dure 1 an et le maintien de salaire est assuré à 75% (dans la limite d’un certain plafond). J’ai profité de mes deux maternités successives pour monter le projet, moyennant quelques concessions d’organisation car il est impossible de monter un business tout en s’occupant à plein temps de deux nouveaux-nés. Entre mes deux maternités, j’ai gagné quelques concours d’innovation mais il faut se l’avouer, pendant 18 mois mon conjoint a pris totalement le relai financier. »


👉🏻 Etais-tu consciente au démarrage de tous les enjeux financiers de cette prise de risques ?

« Je pense qu’il est important d’avoir conscience qu’il y aura des efforts et des concessions à faire, mais parfois il est également utile de ne pas tout savoir dès le début. J’étais ignorante de certaines choses et tant mieux, car sinon je ne me serai peut-être pas lancée.

Quand il a fallu lever 10-12 millions de dollars, j’étais caution personnelle. 😱 En cas de faillite de la compagnie, la revente des équipements n’aurait pas suffi à couvrir le remboursement. Heureusement que je n’avais pas conscience de tout cela. Si j’avais su ça dès le départ, je ne l’aurais clairement pas fait ! Nous étions proches d’avoir clôturé le dossier de financement quand la banque m’a dit : il manque votre caution personnelle pour débloquer les fonds. 😨 »


👉🏻 Quelles sont les ressources personnelles sur lesquelles tu t’es appuyée pour réaliser ces choix ? En dehors d’une certaine forme de non-connaissance / d’inconscience ?

« La vision me semble être primordiale, j’avais une idée très précise de ce que pouvait être polystyvert dans l’écosystème des clean techs et le recyclage du polystyrène. C’était un rêve que je voulais réellement réaliser. Aujourd’hui, c’est en cours et je ne suis pas loin de l’avoir fait. »


👉🏻 Quels sont les ajustements que tu as fait sur ce rêve ? En quoi est-il différent aujourd’hui ?

« Effectivement, beaucoup de choses ont changé. Ce qui n’a pas changé, c’est ce qui fait que ça fonctionne : depuis le début il était question de faire du recyclage de polystyrène par dissolution. Ça fait 11 ans que l’on fait ça et ça ne changera pas. Ce fil rouge a tenu tout le temps.

En revanche, je voulais monter une petite PME québécoise et vivre tranquillement de mon activité. Inconsciemment, je faisais l’autruche. J’étais dans le déni que si ça fonctionnait au Québec, ça fonctionnait partout dans le monde. Dès le départ, je partais pour un projet de multinationale sans vouloir me l’avouer. C’était trop lourd à gérer psychologiquement, je vais changer le monde, mais en mode PME… 😅 Un ajustement à la hausse sur la taille de l’entreprise a été nécessaire.

Par ailleurs, j’ai découvert le monde du business, des investisseurs et des « anges financiers ». Il y a ce qu’on a étudié à l’école sur le papier et la réalité plus sauvage du marché. 🤬 »


👉🏻 Y a-t-il d’autres entreprises aujourd’hui dans le monde qui traitent de ces sujets environnementaux du recyclage des plastiques styréniques ?

« Il existait une société européenne qui traitait le recyclage du polystyrène par dissolution. Malheureusement, elle a disparu avec la crise de la COVID. D’autres compagnies traitent du recyclage de polystyrène via d’autres technologies comme la pyrolyse mais cela offre un cycle de vie du produit moins bon. D’autres sociétés réalisent du recyclage de plastique par dissolution, mais sur d’autres types de plastiques, comme PureCycle qui traite les Plastiques Polypropylènes. »


👉🏻 Aujourd’hui, quel est le champ d’action de Polystyvert à travers le monde ?

« Polystyvert est une compagnie Canadienne (Québécoise), nous avons une usine ici et une deuxième en cours de construction. Nous pouvons compter nos clients sur tout le territoire Européen (France, Belgique, Allemagne, Espagne, Italie, Pologne), tous les pays Nord-Américains (USA, Canada, Mexique).

Nous vendons notre technologie. Notre logique n’est pas d’opérer nous-même plusieurs usines de recyclage, mais de vendre à différents acteurs à travers le monde qui pourront chacun faire plusieurs usines.

Aujourd’hui, le taux de recyclage des polystyrènes dans le monde est inférieur à 50%, l’Europe avoisine les 60%. »


👉🏻 Que deviennent ces déchets quand ils ne sont pas recyclés ?

« L’enfouissement est la principale issue à ces déchets. Il existe un peu d’incinération, mais c’est une démarche très européenne. 🔥 Malheureusement, le polystyrène souffre d’une mauvaise image car il est très visible, prend beaucoup de place et dans la majorité des cas il termine son cycle de vie dans l’environnement. »


👉🏻 Cet enjeu écologique représente-t-il un nouveau potentiel de marché à explorer ?

« Bannir ces plastiques n’est pas forcément la solution. Je pense que les solutions individuelles qui reposent sur du marketing idéologique ne suffisent pas à modifier profondément et à l’échelle collective, nos comportements et protéger l’environnement. ♻️

Si on bannit le Polystyrène expansé, il sera simplement remplacé par du Polypropylène expansé. On n’aura rien réglé ! La solution est de prendre en charge la fin du cycle de vie des plastiques. Il faut qu’il y ait un incitatif financier à récupérer les déchets plastiques.

Je pense qu’il est nécessaire de traiter les sujets business. Pour réussir à protéger l’environnement, il faut identifier les enjeux de marché. Je crois au libre marché. Si les gens peuvent gagner de l’argent sur ces sujets environnementaux, alors ils les traiteront sans problème. »


👉🏻 Quels sont les prochaines étapes pour le déploiement de cette technologie ?

« Le recyclage des polystyrènes peut se déployer encore pendant des dizaines d’années. Notre déploiement en Europe et dans le monde entier est en cours.

Nous diversifions également notre activité à d’autres plastiques styréniques, comme l’Acrylonitrile Butadiène Styrène (ABS). Ce plastique est utilisé pour les jouets 🧸, les voitures 🚗et l’électronique 📲. C’est de cette matière que sont faits aujourd’hui les Playmobil, les briques Lego, tout comme une bonne partie de votre véhicule ou de votre smartphone. »


👉🏻 Nous n’avons plus vraiment le temps d’attendre face aux sujets climatiques. De quoi as-tu besoin aujourd’hui pour accélérer le recyclage de ces plastiques ?

« Notre technologie de recyclage de l’ABS fonctionne en laboratoire. Nous sommes en train de la mettre à l’échelle et d’en faire une usine pilote qui recyclera des kilos. Une deuxième mise à l’échelle pour passer d’un recyclage des kilos à plusieurs tonnes sera nécessaire.

Le financement de l’usine pilote est prêt. Je cherche désormais des financements pour réaliser le deuxième passage à l’échelle sur la construction d’une usine de démonstration. »

👉🏻 Donc, tu as besoin d’investisseurs ?

« Des investisseurs oui, mais pas uniquement. Nous sommes également à la recherche de partenaires comme des sociétés consommatrices d’ABS recyclé. Si ces partenaires sont prêts à nous acheter nos premières tonnes d’ABS recyclé, alors nous pourrons réaliser notre prochaine levée de fonds.

Avis aux sociétés utilisatrices d’Acrylonitrile Butadiène Styrène, vous pouvez contacter Solenne Brouard Gaillot pour contribuer au lancement d’une nouvelle chaine de développement durable sur ce type de plastique ». ♻️

Dans cette aventure entrepreneuriale, ce rêve de recyclage des plastiques styréniques, Solenne Brouard Gaillot a choisi le bulldog, un animal féroce sans concession quand il a une idée en tête.

Que nous apprend le bulldog?

🐶 Puissant : Il est spécialement élevé pour les combats au XIXème siècle. D’ailleurs en allemand, son nom signifie « mordeur de taureaux ». Autant vous dire que mieux vaut ne pas le titiller. Impossible de le faire lâcher quand il mord. Et vous, pour ou contre quoi êtes-vous prêt à ne rien lâcher ? Pourquoi seriez-vous prêt à vous battre, pour de vrai, dans le cadre du business ?

🐶 Opiniâtre : s’il ne lâche rien, vous imaginez bien que l’animal fait montre de caractère. N’imaginez pas recruter un bulldog et l’envoyer sagement s’aplatir dans son panier ! Vous risqueriez de finir avec un mollet en moins. S’il est têtu, on peut l’éduquer, c’est-à-dire trouver un mode relationnel où les limites sont claires, explicites et définies à l’avance. Le management flou ne vous mènera à rien de bon, si vous voulez rester entier. L’agilité oui, mais avec une main de fer dans un gant de velours. Comment vous comportez-vous face à l’opiniâtreté des bulldogs qui vous entourent ? Réussissez-vous à conserver votre douceur et votre patience ? Méfiance, toute réaction brutale ou imprévisible de votre part déclenchera aussitôt la morsure !

🐶 Sociable : le bulldog est aujourd’hui reconnu pour d’autres qualités qui avaient été largement mises de côté. L’animal est parfait dans les collectifs, il sait s’intégrer quand le cadre est clair et sa position bien établie. Comment assurez-vous l’intégration de chaque membre de votre collectif ? Je ne vous parle pas d’onboarding… l’intégration, ça se travaille en permanence. Comment faites-vous en sorte que chacun se sente intégré et à sa place dans votre équipe ?

🐶 Joueur : le jeu est l’un des meilleurs moyens pour apprendre. Jouer, c’est également se mettre en risque. Créer le déséquilibre nécessaire pour passer à l’échelle supérieure. Quand vous jouez, quel est votre niveau de prise de risques ? L’humain est un animal qui joue rarement très longtemps tout seul. Avec qui jouez-vous ? Qui sont vos alliés et qui cherchez-vous à battre dans ce jeu ? Que cherchez-vous à atteindre ? Avez-vous clairement défini vos buts ?


👉🏻 Solenne, quel apprentissage majeur sur ces sujets environnementaux aimerais-tu transmettre ?

« Je pense qu’il est nécessaire de baser nos décisions sur la science et non pas sur le marketing, ni nos sentiments. Souvent, les idées sont pleines de bons sentiments, mais désastreuses au regard du cycle de vie des matériaux. Techniquement, c’est parfois la solution la moins « sexy » qui est la plus pertinente pour réduire les gaz à effet de serre. Baser nos décisions sur la science est primordial. » 💡


👉🏻 Et qu’aimerais-tu dire à la Solenne qui débarquait il y a 19 ans au Canada ?

« Vas-y à fond ! Tu vas faire de belles rencontres, ce sera très enrichissant, mais n’oublie pas, toute cette aventure n’est pas un marathon, c’est l’Ultra-Trail du Mont-Blanc !

Il ne faut pas partir vite et se cramer dans les trois premiers kilomètres, c’est long et difficile.

Je trouve que l’expérience que j’ai eue à l’Ecole Rennes School of Business a été très riche. Son côté international m’a été utile. Bien souvent, ce type de business ou les projets de start-up sont conçus par des ingénieurs. Ils ont en tête la solution technique et voient ensuite comment la commercialiser et sur quel marché. A l’inverse, j’ai vu un marché et j’ai cherché la solution technologique qui pouvait y répondre. On peut aussi ne pas être ingénieur, avoir fait une école de commerce et lancer un business de haute technologie, n’ayez pas peur ! » 😃


🐶 Ce bulldog vous a donné envie de passer à l’action ?

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💡 Vous travaillez dans les secteurs de l’automobile 🚗, l’aéronautique ✈️, les jouets 🧸, les smartphones 🖥📲 ou autres industries consommatrices de plastiques styréniques, n’hésitez pas à contacter Solenne Brouard Gaillot pour contribuer au lancement d’une nouvelle filière de recyclage du plastique par dissolution. 🌏


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