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  • Photo du rédacteuralice langlet

Toutes les belles histoires commencent par « Il était une fois… » ou presque...

Ici le récit débute par "Once Upon A Train".

Tout démarre en 2019, Samuela Burzio envisage de partir aux JO de Tokyo avec quelques amis. Dans ce cas de figure, votre premier réflexe serait sans doute d’aller sur le site d’une compagnie aérienne. A cette époque, le discours de Greta Thunberg à l’occasion de la Cop25 marque les esprits. Dans ce petit groupe, une idée un peu folle fait rapidement son chemin : et si c’était possible en train ?


De ce défi entre copains est née une association : Once Upon A Train ». Partons à la rencontre de Margaux Walck, Vice-Présidente de OUAT et chargée de mission à la Mass Transit Academy Transilien SNCF.


👉 Qu’est-ce que OUAT ?

« En 2019, Samuela Burzio travaillait chez SNCF à la Direction Europe et Développement International. De l’idée d’un voyage avec des amis pour voir les JO de Tokyo à l’été 2020, l’envie de faire le trajet en train émerge rapidement. Il s’agit à l’époque d’un besoin de réalignement sur ses valeurs qu’elle porte au quotidien dans son travail à la SNCF.

Nous avions monté tout le trajet Paris-Tokyo en train, en créant une association loi 1901 pour ouvrir cette possibilité à d’autres personnes que notre groupe d’amis. Malheureusement, la Covid a fait son apparition et le projet a été annulé. Coincés en télétravail, nous avons continué à échanger sur cette idée de révolutionner le voyage, d’apprendre à profiter du voyage en prenant notre temps pour que le déplacement en train devienne le voyage lui-même. La pandémie et les confinements nous ont amenés à nous questionner sur notre rapport à l’espace, au temps et aux voyages.

L’association a alors pris un tournant, celui de transmettre notre envie de revoir le rapport au voyage, à l’espace et au temps. Tous les membres de l’équipe avaient déjà réalisé un tour de l’Europe ou du monde en train et nous souhaitions transmettre notre passion pour ce mode de transport en version « slow travel ».


Quelle est la mission de OUAT et les enjeux auxquels vous souhaitez répondre ?

« La mission de OUAT aujourd’hui est de faire voyager tout le monde en train, que ce soit près de chez soi ou à l’autre bout du monde.

Pour cela, nous travaillons sur 2 axes :

📌Faciliter le voyage en train. Accompagner la planification du voyage, parfois très complexe lorsque l’on sort de l’hexagone. Attention, nous ne sommes pas une agence de voyage, mais des facilitateurs.

📌Informer et sensibiliser le grand public aux possibilités offertes par ce mode de transport. Nous ne sommes pas dans un style de communication persuasif. Nous ne souhaitons pas convaincre à tout prix de la nécessité ou de l’intérêt du train, nous souhaitons accompagner la prise de conscience de tout ce que ce mode de transport a à offrir aux voyageurs en France, en Europe, dans le monde. Nous préférons faire revenir le train dans l’imaginaire collectif en utilisant différents médias comme l’art, les événements festifs, des ateliers de sensibilisation en entreprise, dans les écoles etc. »


👉 Qui sont ses membres ? Et que faites-vous dans cette association ?

« En tant que vice-présidente de l’association, j’utilise mes compétences d’ancienne salariée de SNCF Consulting pour développer la stratégie de l’association, structurer et organiser le quotidien.

Tous les membres de OUAT sont des bénévoles passionnés, pour beaucoup des cheminots, ex-cheminots et ferrovipathes. Nous sommes une petite structure. Si la première étape a été de passer de l’association entre copains à l’association grand public, la prochaine étape sera de trouver un modèle économique qui permette de devenir un acteur incontournable du train en Europe et dans le monde.

Les OUATis sont les adhérents de l’association. Ceux que nous accompagnons dans leurs expériences de voyages internationaux en train. En adhérent à OUAT, ils bénéficient de notre accompagnement pour élaborer leur voyage. Le tarif est de 20 euros par an pour les étudiants et les personnes sans emploi ou de 40 euros pour les autres personnes. »


👉 Quels sont les freins aujourd’hui pour rendre le monde accessible en train, pour tous et partout ?

« Le premier frein, ce sont les obstacles physiques comme l’océan, la mer. Cela nous amène à repenser notre positionnement par rapport à l’avion. Nous pensons qu’il ne faut pas diaboliser l’avion, mais repositionner chaque mode de transport sur sa pertinence, là où il créé le plus de valeur. Par exemple partir au Canada en avion ok, à condition de faire la suite du trajet en train une fois arrivé sur le continent nord-américain. Ce premier point questionne notre rapport aux notions de coût, de délai et d’expérience du voyage.

Le deuxième frein relève de la croyance collective qu’aujourd’hui l’avion est plus simple, moins cher, plus flexible, car passer par les airs serait un moyen de s’affranchir des difficultés à franchir les frontières administratives entre les pays (notamment hors de l’Union Européenne).

Le troisième frein est lié à la capacité de s’informer et d’agréger toutes les informations nécessaires pour élaborer un parcours ferroviaire traversant plusieurs pays. Un tout premier site à l’échelle européenne a récemment vu le jour avec une start-up suédoise : allaboard.eu. Toutefois, dès que l’on dépasse l’Europe aujourd’hui, cela devient complexe, c’est pourquoi nous avons développé cette expertise, en nous appuyant sur l’expérience de Sylvain Séguret, un cheminot passionné par la géographie ferroviaire.

Le quatrième frein est l’absence de modèle économique. Aujourd’hui, les agences de voyage n’ont pas développé cette compétence et le business model pour ce type de prestation n’existe pas. La demande commence à émerger et aucun opérateur de tourisme ne s’est positionné sur ce créneau. Construire un voyage international sur mesure nécessite d’avoir bien compris les besoins et demandes de ses clients. C’est une expertise particulière de pouvoir proposer toutes les meilleures options possibles sur chaque voyage demandé par nos clients. La demande n’est pas massifiée, encore moins standardisée, c’est du cas par cas. Toutefois, nous commençons à avoir une base de données structurée et consolidée avec une bonne connaissance du marché ferroviaire international. A chaque expérience, nous capitalisons nos expériences grâce au knowledge management.

Le cinquième frein est notre perception du voyage en lui-même. Aujourd’hui, le moyen de transport est abordé sous ses aspects fonctionnels : se déplacer d’un point A à un point B à moindre coût, dans les moindres délais et avec le meilleur confort possible. Si nous revisitions notre perception, en nous disant que le déplacement fait partie intégrante de l’expérience du voyage, alors nous reconsidérerions et privilégierions la qualité de l’expérience avec les aspects économiques et la rapidité des transports. »


👉 Dans l’absolu, quelles sont les solutions pour lever ces freins ?

« Une grande variété de dispositifs peut être mise en place pour répondre non seulement à chacun de ces freins, mais aussi aux différentes cibles. En effet, selon l’âge, la catégorie socio-économique et la nature du déplacement, les freins ne sont pas les mêmes.

📍 De la pédagogie : aujourd’hui, tous les acteurs du train réalisent des opérations de pédagogie vis-à-vis des voyageurs pour repositionner le train à sa juste place.

📍 Du temps : prendre le temps de réadapter nos manières de voyager, de faire évoluer les mentalités et d’accompagner celles et ceux qui seront soucieux des aspects environnementaux dans leurs déplacements. J’ai hâte de voir le bilan que nous pourrons en faire dans 10 ans.

📍 De l’acceptation individuelle et collective : oui, « il faut » en profondeur nos rapports aux déplacements et apprendre à faire le choix du mode le plus adapté à notre besoin. Oui, c’est possible et ça s’apprend.

📍 Se soutenir les uns les autres, c’est-à-dire positiver notre rapport au mode ferroviaire. En France s’il est d’usage de souligner les trains en retard, nous proposons de valoriser davantage tous ceux qui sont à l’heure et de donner les éléments de comparaison pour nous rendre compte qu’en fait les trains ne sont pas plus chers que la voiture ou l’avion.

📍 Travailler ensemble dans une logique d’intégration multimodale et multiservices en intégrant toute la chaine de valeur amont et aval pour les clients voyageurs. Intégrer à la fois toute l’offre ferroviaire mondiale avec tous les modes de transports (vélo, bus, … #intermodalité) et ce qui va en amont ou en aval du voyage comme les services d’hébergement par exemple. Depuis peu, avec la start-up tic tac trip, une solution pour acheter train + bus commence à émerger. Demain nous souhaitons intégrer les prestations de services et d’hébergement. Dernièrement la start-up Slow Break a commencé à proposer ce type de prestation.

📍 Valoriser l’expérience du voyage proposée par le train. La dynamique de responsabilisation face à l’urgence climatique est encore dans une logique de culpabilisation du voyageur. Si nous renversions la vapeur en valorisant ce que chacun peut faire à son niveau et ce que nous avons chacun à y gagner en qualité de voyage, alors les choses changeront réellement. Laissons-nous porter par nos envies, plutôt que par ce qui nous révolte.

Je ne rentre pas dans les considérations politiques du rôle des institutions dans ce domaine, car je crois profondément que chaque voyageur a la possibilité d’agir à son niveau, de telle manière qu’à terme la demande crée également l’offre. »


👉Finalement, les start-ups apportent un format et des solutions innovantes pour lever ces freins, chacune sur une partie du sujet de la « trainification » du monde. En quoi le collectif OUAT contribue-t-il à lever les freins aux déplacements en train ? Quelles solutions et actions concrètes apportez-vous aujourd’hui ?

« Nous incarnons 4 valeurs :

🧭 Fun : rendre le voyage en train agréable en apportant des réponses sur-mesure adéquats à chaque besoin

🧭 Positivité : privilégier l’expérience du voyage et sortir de la simple logique utilitariste du déplacement

🧭 Slow : prendre le temps de prendre le train

🧭 Durabilité : naturellement, le voyage en train est parmi ceux qui offrent le meilleur bilan carbone sur les longues distances.

Chaque valeur de OUAT s’incarne à travers un plan d’actions varié :

📌 Le Festival OUAT réunit les amoureux ou curieux du train, ce n’est pas un salon professionnel, ni un évènement qui s’adresse à de purs ferrovipathes, c’est un festival grand public dédié au voyage en train à travers les récits et les imaginaires pour donner l’envie de vivre cette expérience. L’intention de ce festival est de proposer de repositionner le train à sa juste valeur dans l’expérience du voyage, en réunissant tous les acteurs du marché, notamment les start-ups émergentes et ceux qui ont envie de partager leurs expériences du « slow travel ».

📌 Des ateliers de sensibilisation sur mesure dans les entreprises et les écoles. Ces ateliers s’inscrivent dans les démarches RSE de ces structures et peuvent prendre différentes formes ludiques.

📌 Des weekends d’écriture OUAT is Love organisés par Samuela qui est également écrivaine, formée à l’école d’écriture de Turin. Samuela invite à écrire sur les voyages, le rapport au temps, l’expérience du voyage. Il s’agit d’une forme d’écriture thérapeutique qui se déroule à l’occasion d’un voyage en train. L’un des auteurs a d’ailleurs remporté un prix d’écriture.

📌 Des accompagnements de personnes morales et physiques qui veulent prendre davantage le train mais ne savent pas comment faire. »

Dans cette aventure OUAT, l’animal totem choisi par Margaux est le panda, en lien avec le voyage en Asie à l’origine de l’association. S’il n’a que deux couleurs, ne vous y trompez pas, avec le panda tout n’est pas noir ou blanc. Persévérant et joueur, le panda est un animal enthousiaste capable d’une adaptation pour le moins étonnante à son environnement ; idéal pour relever le défi de la transformation d’un marché tout entier et de notre rapport au train, au temps, au voyage.



👉 Que nous apprend le panda ?


🐼 De la famille des ours, le panda est autonome et persévérant. Lorsqu’il fréquente ses congénères ou un autre animal, il apprécie de communiquer par le jeu. Plutôt que d’entrer dans un mode de communication persuasif qui risquerait de déraper sur le jeu de qui a raison et un rapport de force autour de discours simplistes comme « prendre l’avion, c’est mal ; prendre le train, c’est bien », le panda invite son congénère à prendre plaisir au sens de l’expérience vécue. Comment réagissez-vous face à un panda qui vous propose de jouer pour expérimenter, innover, apprendre en équipe et même avec des acteurs inattendus (start-ups, agences de voyages, spécialistes de l’hébergement, philosophes, sociologues, psychologues, etc) ?


🐼 Endémique du centre de la Chine, ce grand chat-ours, comme l’appellent les Chinois, ne rentre pas vraiment dans les cases. Les scientifiques s’y sont repris à plusieurs fois pour définir sa classification taxonomique. Que vous inspire un panda, c’est animal qui sort des cases, du cadre ?


🐼 Doté d’un sixième doigt, ce faux pouce est une adaptation qui lui permet de tenir avec dextérité et détermination les tiges de bambou. Il a appris à aller à l’essentiel et à mettre son énergie sur ce qui est vraiment important. Etes-vous prêts à laisser sa place au panda pour qu’il œuvre à la transformation de votre écosystème et peut-être même de vos croyances ? Quelles marges d’autonomie et de confiance lui accorderez-vous pour qu’il cible avec justesse l’objet de son engagement ?


🐼 Depuis le sixième siècle, la Chine utilise la “diplomatie du panda”, c’est-à-dire le prêt de pandas pour améliorer ses relations internationales. Comment pourriez-vous intégrer le panda dans vos réseaux à l’intérieur et à l’extérieur de votre entreprise ?


👉 Si vous aviez une baguette magique, quelles solutions apporteriez-vous pour pouvoir « trainifier » le monde. Que transformeriez-vous et comment ?

« Je transformerais les verres à moitié vides ; tous ces points de cristallisation qui freinent l’usage du train en verres à moitié pleins ; ouvrir les yeux sur le train pour le repositionner à sa juste valeur et sortir du « train bashing ».

Je dirais donc qu’il faut d’abord changer d’état d’esprit vis-à-vis de ce mode de transport, le reste suivra. Pour vous lancer, commencez par un petit trajet en France et expérimentez la beauté et la poésie de la lenteur. Prenez le temps, prenez le train ! 😉 »


Si les belles histoires commencent par « il était une fois… », celles que j’apprécie et que je lisais au dos de chaque livre folio junior dans mon enfance se termine par « et si c’était par la fin que tout commençait… ». Une phrase qui m’a longtemps posé question.

Nous arrivons à destination et c’est ainsi que s’achève la série #dessinàdessein, une série sur la transformation au sens large. Transformation des organisations, des entreprises, des équipes, des parcours professionnels, des états d’esprit avec lesquels nous abordons le monde professionnel. Par définition, cette série a un début et pourrait ne pas avoir de fin, j’attendais que quelqu’un me propose l’animal-totem que je préfère : il est arrivé à point et en train avec « Once Upon A Train ». D'ailleurs, le texte concernant le panda est une adaptation d'un texte écrit dans un autre contexte (💢Arnaud Koenig 😉). Ici les chemins se rejoignent pour un nouveau départ. Comme dit Danièle Darmouni « tout est juste et tout est au commencement » ! L’heure d’un nouveau commencement est donc arrivé!


Vous pouvez toujours retrouver les 90 épisodes de #dessinàdessein sur mon compte linkedin et sur mon blog. Merci à toutes celles et ceux qui ont témoigné ces 4 dernières années, qui ont fait changer mon regard sur le lean management, l’accompagnement du changement, le coaching, l’excellence opérationnelle, la transformation des organisation, l’humain. MERCI.


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