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  • Photo du rédacteuralice langlet

« S’intégrer n’est pas se fondre ! »

« Adieu, dit le renard. 🦊 Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur ❤. L’essentiel est invisible pour les yeux ».


Il y a quelques semaines, j’ai rencontré Le Petit Prince d’Antoine de St Exupéry et son renard 🦊.

Le Petit Prince, c’est Linda Maisano, Directrice des opérations ferroviaires, de la planification et de la transformation d’Eurotunnel.

Après plus de 22 ans au sein du groupe SNCF, elle a découvert une nouvelle planète et nous partage ses apprentissages :

🦊 Se laisser surprendre par l'inconnu,

🦊 Avoir de l'assurance tout en suspendant ses certitudes,

🦊 Déconstruire et reconstruire ses repères, ses réseaux.


Qu'est-ce qui vous a amenée à changer d’entreprise après plus de 22 ans dans le même groupe ?

« Ce n’était pas réellement un besoin car j’étais très heureuse là où je me trouvais et tous les voyants étaient au vert, je sentais néanmoins que j’étais installée en zone de confort, je réfléchissais à la suite… quand Eurotunnel m’a proposé de les rejoindre. Je suis convaincue que les choses n’arrivent jamais tout à fait par hasard : cela a resonné avec mon envie de changer, sans doute au-delà de ce que je n’osais me l’avouer.

La flamme de l’enthousiasme s’est tout de suite allumée : découvrir un nouvel environnement, une nouvelle culture, de nouveaux enjeux, de nouvelles équipes : comment résister ?

J’ai pris le temps de réfléchir, mais je n’ai jamais hésité. C’est une vraie chance après 22 ans dans le même groupe (que j’ai adoré !) d’avoir l’opportunité de se laisser surprendre par l’inconnu, de tisser un nouveau réseau. Et partir quand tout va bien donne de la confiance et de la sérénité : je ne suis pas partie « à cause de .. » mais « pour » un nouveau projet ! »


Quels défis avez-vous rencontrés et comment les avez-vous relevés ?

« Le premier défi c’est de savoir déconstruire ses anciens repères pour en construire de nouveaux. Sur un job en lien avec les opérations, il faut aller à la fois vite pour être rapidement aux commandes et à la fois prendre le temps d’observer, de questionner, d’écouter. Il faut réussir à analyser les enjeux, la culture, les modes de gouvernance sans naïveté, mais sans méfiance : l’ouverture est une alliée indispensable pendant les fameux 100 premiers jours !

Il faut aussi savoir trouver sa place au sein d’un nouveau collectif tout en amenant ses marqueurs, sa singularité : s’intégrer ce n’est pas se fondre !

Ma médaille d’or a été ... l’anglais ! Je ne le parlais pratiquement pas et ne le pratiquais jamais. Autant dire que j’ai remonté les manches et sorti les rames pour être au rendez-vous car dans une entreprise binationale, c’est évidemment l’anglais que nous pratiquons au quotidien. »


Qu’est-ce que ce changement d’entreprise vous a-t-il apporté dans votre parcours professionnel ?

« Les compétences que j’ai acquises dans mon entreprise précédente m’ont permis de changer de job. La principale valeur que ça a créé pour moi est davantage de l’ordre du ressenti, celui d’agrandir mon champ des possibles, le cercle de mon territoire. Dans le ferroviaire, il n'y a pas que la SNCF. Le fait de changer d’entreprise m’a permis de challenger ma façon de procéder dans l’environnement ferroviaire. J’ai aussi gagné en confiance pour oser opérer de façon différente. C’est une ouverture d’esprit incroyable qui m’a permis d’apprendre à regarder différemment des domaines que je connais très bien et parfois très contraints, comme le domaine de la sécurité. Par exemple, je me disais en matière de sécurité qu’il n’y a pas 36 façons de faire et je découvre d’autres façons de piloter ce sujet. Si je n’avais pas changé de groupe, je ne l’aurais pas vu. »


En quoi changer de façon de faire serait plus simple dans une entreprise que l’on ne connaît pas ?

« Je pense que l’on n’est pas empêché par l’histoire que l’on a avec cette entreprise, ni par aucun réflexe. Intégrer une nouvelle entreprise permet de se mettre dans une posture de regard neuf et d’interroger le système, poser des questions, puis de proposer de nouvelles façons de procéder. Il n’y a plus d’entrave mentale par une petite voix qui nous dit “on l’a déjà fait” ou “ça ne va pas plaire”.

Le deuxième point que j’ai découvert est qu’en ayant ce regard neuf et en découvrant une autre façon de procéder, s’il y a deux façons de faire, pourquoi n’y en aurait-il pas encore une troisième, une quatrième façon ? Cela m’a permis de renforcer ma confiance sur le fait de découvrir de nouvelles façons innovantes de traiter les sujets que je rencontre.


J’en retire qu’il n’y a jamais aucun sujet sur lequel on devrait se dire “on ne peut pas faire autrement”. »


En quoi le changement d’entreprise aide-t-il à déconstruire ses repères ?

« Changer d’entreprise permet de détricoter toutes les certitudes que l’on a acquises au fil de son expérience professionnelle. En découvrant de nouvelles possibilités pour traiter un sujet, d’autant plus quand votre nouvelle entreprise évolue dans le même secteur d’activité (ici le ferroviaire) permet de dépasser les grandes règles, les grands principes acquis dans son entreprise précédente et devenues des certitudes sur la façon d’appréhender son activité. On peut tout regarder avec un œil neuf, rien n’est jamais figé dans le marbre. Cela permet d’impulser une autre façon d’aborder les problèmes et de passer le cap d’oser réouvrir une page blanche pour trouver une nouvelle voie. Il y a tellement de choses faites différemment que cela permet de se laisser surprendre par l’inconnu et d’accepter de l’accueillir. Au bout de 22 ans dans la même entreprise, il n’y a plus beaucoup cet effet d’inconnu, je retrouvais les mêmes personnes, les mêmes thématiques, les mêmes processus, je savais comment fonctionne l’entreprise, les RH, le cycle budgétaire… en arrivant dans une nouvelle entreprise, la seule chose que je sais, c’est que je ne sais pas. La seule option possible est alors d’accueillir tout ce qui se présente pour pouvoir reconstruire mon propre cadre de référence, sur de nouvelles bases. A la SNCF, j’ai travaillé chez SNCF Réseau, TER, Transilien, malgré ces changements d’entreprises ou d’activités au sein du groupe je retrouvais très vite mes habitudes, les mêmes personnes. »


Forte de cette expérience de changement d’entreprise, que souhaiteriez-vous transmettre à une personne qui hésite à sauter ce pas ?

« Je pense qu’il ne faut pas hésiter. En revanche, il faut partir pour les bonnes raisons.

Je pense qu’il est illusoire de partir en disant que l’herbe est plus verte ailleurs, il faut partir pour un projet, quelque chose de différent, avec envie et lucidité. Il est nécessaire de clarifier ses envies, ses attentes, ses besoins et partir si l’opportunité qui se présente à vous répond mieux à ceux-ci, cela évitera de partir pour un job ou une entreprise fantasmée. »

Quelle méthode conseilleriez-vous pour bien clarifier ses envies, ses besoins et attentes professionnelles ?

« Les principales questions qui m’ont aidées sont : pour quoi je bougerais ? qu’est-ce qui est important pour moi ?

Il est nécessaire d’effectuer un travail sur soi et d’apprendre à très bien se connaître. Par exemple, je sais que dans mes drivers importants il y a “quoi” et “pour qui”. Je savais que je voulais rester dans le monde de la production ferroviaire, l’inconnu était avec qui ?

Une fois qu’on connait ces éléments, on peut poser les bonnes questions dans ses recherches et en entretien.

Ce qui a facilité mon départ était qu’à ce moment-là, je me sentais très centrée et très en paix. Avoir cette proposition à un moment où tout allait bien, où j’étais très alignée avec moi-même m’a permis de faire ce pas de côté et de franchir le cap de partir. J’étais très lucide sur ce que je pouvais aller chercher, quelles envies j’allais combler et je suis arrivée dans ce nouveau job très sereine, ouverte en me disant que c’est ok aussi que certaines choses soient très différentes, sans être meilleures.Partir en se disant, je pars parce que je veux mieux, c’est selon moi courir le risque d’être déçu. »


Au regard de ces envies, quels sont les points particuliers que vous avez vigilés en entretien ?

« J’ai été particulièrement attentive au périmètre, au salaire et à rencontrer mes futurs hiérarchiques pour sentir si ça allait fonctionner. J’avais besoin d’écouter ma boussole interne et de tester la relation interpersonnelle avant d’accepter. J’avais besoin de vérifier que nous allions avoir les mêmes valeurs, la même énergie. On ne part pas que pour un salaire, un titre de poste ou le nom d’une entreprise sur son CV. Il y a peut-être des personnes qui le font. En tous cas, connaître le top trois de ses besoins est indispensable avant d’aller en entretien.

Pendant ces entretiens, il y a eu à la fois des choses très concrètes et factuelles qui ont pesé dans la balance et également des choses de l’ordre de l’intuition, du ressenti lié au projet et aux valeurs qui étaient transmises dans les échanges. »


Alors serait-il question de s’apprivoiser, comme le dit Antoine de St Exupéry ?

« Oui, Je relis ce livre tous les 18 mois et il me fait redescendre les pieds sur terre. Plus je vieillis, plus il me parle, notamment revenir à l’essentiel de ce qui a de la valeur pour soi.

Le petit prince interroge beaucoup la société d’aujourd’hui, ce que l’on fait, il découvre une planète et regarde ce qui l’entoure avec un œil neuf, mais pas naïf, plutôt un regard authentique, édulcoré des filtres sociaux que l’on se met. »



Dans cette aventure, l’animal totem de Linda Maisano est le renard des sables. Celui qui montre le chemin de la confiance qui se gagne, la valeur des liens authentiques et qui livre son merveilleux secret « on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux »





Que nous apprend le renard des sables ?

Adapté : ne vous fiez pas aux apparences. S’il est le plus petit canidé au monde, 18 à 22 cm de haut pour 30 à 40 cm de long, plus petit qu’un chat, il est parfaitement adapté à un environnement aride, celui du désert africain avec des températures allant de +60°C le jour à -10°C la nuit. Vous est-il déjà arrivé de vous demander si vous serez de taille pour affronter un nouveau défi professionnel ? Et si ce n’était pas la taille, mais votre capacité d’adaptation à ce nouvel environnement qui comptait ?


A l’écoute : ses oreilles sont démesurément grandes par rapport à la taille de sa boîte crânienne. Elles mesurent plus de 15 cm de long et lui donnent une ouïe incroyable. Le renard des sables est capable d’entendre le moindre mouvement de son environnement y compris celui d’un animal caché sous le sable. Et si vous écoutiez ce qu’il se passe sous le sable : au plus profond de vos envies, qu’entendez-vous ? Quelles sont les aspirations professionnelles que vous n’osez pas vous avouer ?


Confiance et apprivoisement : le renard des sables est un animal sociable qui vit en groupe, jusqu’à 10 individus. Le groupe est mené par un couple alpha et la confiance est de mise pour bâtir l’équilibre au sein du collectif. Cette confiance se développe au fur et à mesure que les liens se développent.

« Qu’est-ce que signifie « apprivoiser » dit le petit prince. C’est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie créer des liens… Tu n’es encore pour moi qu’un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n’ai pas besoin de toi. Et tu n’as pas besoin de moi non plus… mais si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde… » Antoine de St Exupéry.

Certes, mais apprivoiser autrui n’implique-t-il pas un certain niveau de maîtrise personnelle et donc un auto-apprivoisement. A quel point vous êtes-vous, vous-même apprivoisé.e ? A quel point êtes-vous en lien avec vos besoins ?


Sauvage : s’il est tout mignon avec son pelage dense couleur crème, méfiez-vous des apparences! Le renard des sables n’est pas un animal domestique. S’il s’apprivoise il ne devient en rien un chien de salon! Capable de survivre sans eau dans un environnement désertique hostile, il n’hésite pas à assumer sa part sauvage et s’attaque à tous types de proies, même venimeuses, des oiseaux, des reptiles, des insectes. Dans quelle mesure votre job actuel vous permet-il d’exprimer votre nature profonde, votre part sauvage ? Vous sentez-vous apprivoisé ou domestiqué ?


Œil de coach

S’apprivoiser, au sens de la maîtrise personnelle telle que définie par Peter Senge, n’est pas se laisser domestiquer. Ouvrir le champ des possibles permet d’éviter de tomber dans (ou le cas échéant de sortir de) l’impuissance acquise par une forme de domestication - il n’y a pas de fatalité, on peut toujours faire autrement, en s’appuyant sur ses ressources, sur ses alliés.


Oser assumer ses envies avec lucidité : Il peut être utile de distinguer ce que l’on veut vraiment de ce que notre entreprise, notre milieu social, familial, la société veut pour nous. Décoller les envies que les autres peuvent avoir pour nous, comme des étiquettes qu’ils auraient collées pour nous dans notre dos et parfois à notre insu. Lorsque l’on ne s’écoute pas, il peut arriver que l’on se retrouve en écart. Le risque est de percevoir cet écart comme un échec, quelque chose qui ne se serait pas passé comme prévu, et alors de perdre confiance en soi. En mettant au clair ses envies, ses leviers motivationnels, il est plus facile de s’engager dans des projets dont les réussites et les apprentissages permettront de développer la confiance en soi et de trouver une forme d’équilibre et d’épanouissement professionnel.


Cultiver sa part sauvage : Dans Le Petit Prince, Antoine de St Exupéry écrit : “ quand le mystère est trop grand ou trop impressionnant, on n’ose pas désobéir”. Ici il est question de désobéir aux injonctions que l’on se donne, aux mille questions que l’on se pose, oser désobéir à la petite voix dirigée par nos peurs… quelle autorisation nous donnons-nous à nous-même pour aller explorer ? Parfois, il faut juste faire un premier petit pas, c’est-à-dire réaliser la première action possible, à notre portée, pour tendre vers ce qui nous fait envie.


Le mot de la fin par Linda Maisano

« Ce petit renard m’apprend qu’on se sous-estime souvent beaucoup et que la 1e personne qui nous empêche de faire des choses, c’est soi. La porte est rarement verrouillée et quand on l’ouvre, il ne se passe rien de grave. Si l’on réfléchit, dans notre vie à chacun, les choses sont rarement impossibles ou difficiles, c’est simplement qu’on n’ose pas y aller. Plus on se connait bien, plus on est confiant et plus on ose. L’inconnu n’est pas toujours un risque, toutes nos peurs ne sont pas réelles.

J’aurais pu partir plus tôt du groupe SNCF, mais je n’étais pas prête. Aujourd’hui, beaucoup de personnes me disent que c’est courageux. En réalité, ce n’était pas si difficile que ça et peu risqué, car j’étais très au clair sur mes attentes.

Autour de soi, il y a plein de portes ouvertes qui ne demandent pas tant d’efforts à être franchies.

Prendre rendez-vous avec soi-même pour bien se connaître, clarifier ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas ou plus dans sa vie professionnelle comme personnelle est important. »


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