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  • Photo du rédacteuralice langlet

Engagement et motivation des collaborateurs : de l’audace, un zeste d’intrapreneuriat et ...

... et beaucoup d’innovation participative©, dans et en dehors de son entreprise💡


J’ai échangé avec Muriel Garcia, cadre stratégique du Groupe La Poste. Muriel est directrice organisation, qualité et projets à la Direction Régionale Nouvelle-Aquitaine et à la Direction de l’Engagement Sociétal du groupe à Paris.

Muriel a été présidente de l’association Innov’Acteurs pendant plus de 12 ans, elle y est désormais présidente d’honneur.


Qu’est-ce que l’innovation participative© ?

« C’est une démarche de management structurée visant la production, l’émission et la mise en œuvre des idées des collaborateurs, dans et en dehors des entreprises, en intégrant toutes les parties prenantes (clients, consommateurs, fournisseurs, etc. et en pratiquant les méthodes et outils d’aujourd’hui : hackaton, design thinking, intraprenariat, …

Elle induit curiosité, créativité, capacité à sortir du cadre et nécessite un style de management favorisant l’écoute, le dialogue, l’autonomie, le permis d’oser, le droit à l’erreur et une relation de confiance.

L’innovation participative© n’est pas chose nouvelle ! Cela a démarré vers 1927 avec 3 acteurs très engagés en France : les PTT, Michelin et le ministère des Armées. Aujourd’hui, ces acteurs sont toujours et plus que jamais engagés dans l’innovation participative©. La philosophie de la démarche est sensiblement restée la même depuis un siècle. En revanche, la manière de faire a considérablement évolué : l’essor du numérique et des plateformes collaboratives a favorisé sa diffusion, les méthodes et outils de la créativité, du design thinking ont accéléré sa professionnalisation. L’ouverture aux parties prenantes a renforcé la richesse et la qualité des idées et projets. »


Si la démarche date de 1927, comment se fait-il que l’innovation participative© soit toujours un véritable enjeu pour nos organisations aujourd’hui ?

« Ce n’est pas tant un enjeu qu’un élément devenu indispensable au bon fonctionnement de nos organisations, voire de la société tout entière dans un monde à la recherche de solutions face aux immenses et cruciaux défis d’aujourd’hui. Plus que jamais, le contexte politique, sanitaire, économique, écologique nous invite à nous interroger sur nos façons de faire pour proposer à la fois des solutions de progrès et de rupture. »


Quels sont les freins au déploiement d’une démarche d’innovation participative© ?

« Ces freins sont inhérents au style de management. Innov’Acteurs a défini un référentiel de l’innovation participative* autour de 7 leviers d’action interdépendants à prendre en considération pour la mise en place de la démarche ou pour relancer une démarche qui s’essouffle. Parmi ces leviers, il convient d’insister sur des facteurs clefs de succès :

📍 Du sens donné et un lien avec la stratégique,

📍 Un nécessaire portage des dirigeants tout au long de la démarche,

📍 Une définition claire du projet et du processus de recueil et de traitement des idées d’innovation. La démarche empirique fonctionne bien sur les petites équipes. En revanche, plus l’organisation est conséquente et complexe, plus le dispositif doit être structuré. Alors, la notion de « qui fait quoi » et la présence d’experts deviennent déterminantes.

L’innovation participative© est majoritairement organisée sous forme de concours-challenge autour d’un thème ou sous forme d’un appel à contribution pour traiter un enjeu stratégique pour l’entreprise.

Par exemple, lorsque Le Groupe La Poste a souhaité retravailler sur les marqueurs de la relation clients, nous avions fait appel aux postiers pour qu’ils soient à la manœuvre de la traduction des postures de services sur leur métier.

Une démarche d’innovation participative© est toujours un projet à mettre en place. L’idée du besoin peut être différente : productivité, gains de performance, innovation disruptive, transformation d’une organisation ou des pratiques managériales. Dans ce cas précis, ce n’est pas tant la solution en tant que telle qui est recherchée, mais plus la participation et la volonté de fédérer, d’engager nos collaborateurs et d’avoir des managers plus en phase avec ce style de management bienveillant, permissif et à ‘pouvoir(s) partagé (s)’. 😃 Ce sont les compétences acquises, mises au service du collectif et du progrès qui sont déterminantes et non plus la position hiérarchique obtenue par le diplôme ou la cooptation en entre soi !»


Qu’est-ce qu’une entreprise a à gagner aujourd’hui à lancer ce type de démarche managériale ?

« Plus de créativité : Pour innover et réussir, il faut être capable de sortir du cadre connu, avoir des idées nouvelles. Cela requiert de la curiosité et de l’audace.

Savoir-faire et savoir-être : Faire évoluer nos méthodes de travail pour apprendre à faire différemment, ensemble et en coopération.

📍 Les compétences clés de demain identifiées sont notamment la créativité, l’esprit critique, la conduite de projets et la coopération. Bien souvent les collaborateurs se mettent eux-mêmes consciemment ou inconsciemment des freins et des barrières en adoptant une attitude d’indifférence et de non prise de risque. Tout le monde peut être créatif, le rôle du manager est de créer les conditions favorables pour permettre à chacun d’exprimer sa créativité.

Une telle démarche demande cohérence et consistance dans les postures managériales. Exemples : accepter de donner du temps et des moyens à un collaborateur pour qu’il puisse mener son projet et voir son idée se concrétiser.

C’est le credo de l’intrapreneuriat, il convient de noter que cette idée de permettre et d’accompagner le ou les auteurs pour qu’ils puissent prototyper leur idée, la tester et la généraliser était encore tabou il y a quelques années. ».


Combien d’intrapreneurs avez-vous chaque année dans le Groupe La Poste ?

« La cible de ‘20 projets pour 2020’ était jusqu’à 10 projets incubés par an. Le nouveau programme ‘impulser2030 est plus flexible. Un point important reste la capacité d’accepter la prise de risque, le droit à l’erreur, le test and learn et donc d’une certaine manière de renoncer à la logique du ‘100% succès’ et de retour sur investissement immédiat. Accordons du temps au temps et valorisons à sa juste mesure les nouvelles compétences acquises succès ou non succès ; une philosophie qui n’est pas encore ancrée dans les styles de management de nos grands groupes. »


En quoi ces démarches d’intrapreneuriat, de créativité, d’innovation participative sont importantes à l’heure où toutes les organisations planchent sur l’engagement et la motivation au travail ?

« Je dirais qu’elles contribuent au développement du sentiment de fierté d’appartenance et que cela invite au dépassement de soi (aller au-delà de ce qui est demandé avec courage et pugnacité). A l’ère du travail distanciel et des enjeux de fidélisation des collaborateurs, c’est une démarche utile. Les questions qui se posent face à l’injonction d’innovation : meneur ou suiveur ? Longueur d’avance ou copier-coller de ce qui se fait déjà (les méfaits d’un benchmarking dévoyé !) »


J’entends qu’il est question de responsabilisation du collaborateur pour qu’il soit lui-même le moteur de son engagement et de sa motivation. Est-ce le cas ?

« Oui, car derrière cette notion de responsabilisation, il est question d’autonomie, de prise de risque, d’écoute et de dialogue, de coopération, de liberté d’expression (poser un cadre ouvert à l’esprit critique qui suspend le jugement) et de la progression dans l’acquisition des compétences.

Rappelons aussi qu’en management de projet, il est question de pilotage technique (livrables et reporting) et de pilotage relationnel (qualité des relations humaines, convivialité, bienveillance, esprit d’équipe et de coopération..). Susciter l’envie, maintenir la motivation, préserver l’enthousiasme et reconnaître le travail accompli relèvent du pilotage relationnel ! »


Qu’auriez-vous envie de dire à tous ceux qui affirment qu’en ce moment, plus que jamais, nous n’avons ni le temps, ni les budgets pour lancer ce type de démarche ?

« Il existera toujours des bonnes raisons pour ne pas faire, mais il me semble que c’est plus constructif et plus positif de se projeter dans des solutions pour faire mieux et autrement au service du collectif et de l’intérêt général.

Face aux crises et bouleversements climatiques, le sens de l’intérêt général et du bien commun reviennent au premier plan dans notre société, nos organisations. Et c’est tant mieux !

Cela requiert de l’utile, du juste temps et une saine coopération pour progresser ensemble vers le nouveau monde. De ce point de vue, l’évolution des pratiques de l’innovation participative est éloquente : nous sommes passés des boîtes à idées, à l’innovation participative, puis à l’innovation ouverte (associant des externes) et nous cheminions vers l’innovation participative sociétale (prendre part aux enjeux citoyens sur le climat par exemple).

J’ai la conviction que le monde de demain s’orchestrera vraisemblablement autour de trois temps : le temps d’activité (son job pour vivre), le temps de contribution sociétale (entraide, solidarité et don de compétences), le temps alloué à sa sphère privée. Les collaborateurs seront davantage demain dans une logique de mise à disposition de leurs compétences dans ces trois sphères, ce qui invite à repenser et imaginer des modalités et un cadre de travail très différent pour un rééquilibrage au final bénéfique à tous. Un changement de paradigme qui remet l’humain au cœur de l’action !


Dans ce sujet d’innovation participative, l’animal totem de Muriel Garcia est le lion et donc en clin d’œil à la parité, la lionne, la reine de la jungle. »

Que nous apprend la lionne ?

🦁 Reine de la jungle : dans tout projet d’innovation participative, il y a les alliés naturels et les réfractaires, qui peuvent très vite se transformer en détracteurs. Méfiez-vous, si vous ne les prenez pas au sérieux, les lionnes se serrent les coudes et sont mêmes les piliers d’un groupe. Elles revendiquent à la fois leur indépendance et leur sororité. Comment réagissez-vous à ceux qui vous mettent des bâtons dans les roues ?


🦁 Joueuses : que ce soit avec leurs petits ou avec les autres congénères du groupe, les lionnes utilisent le jeu pour renforcer les liens au sein du collectif. Si les lions passent en général toute leur journée de manière assez dispersée dans la savane, ils n’en restent pas moins un groupe solide qui se rassemble rapidement pour faire face aux épreuves ou pour chasser. Comment gérer-vous le besoin d’autonomie de vos collaborateurs, tout en les fédérant pour faire corps sur les sujets à enjeux ?


🦁 Allure et leadership : attention ! la lionne n’est pas un leadership ostentatoire, mais un style de management plutôt délégatif autour d’un cap et d’objectifs clairs et partagés. Où en êtes-vous sur le droit à l’initiative et le droit à l’erreur ? Et si nous décidions de les renommer droit à l’apprentissage ?


🔎 Le mot de la fin pour Muriel Garcia

« Il y a 3 citations que je garde comme leitmotivs :

  1. « C’est celui qui fait qui sait » pour évoquer la responsabilisation,

  2. « Rendre possible l’impossible » qui souligne l’enjeu d’engagement,

  3. « Qui veut peut, qui veut peu peut peu !» car je pense qu’il y a une part d’audace et de volonté à proposer quelque chose qui n’existe pas. L’innovation, c’est oser imaginer, créer quelque chose de nouveau et avoir la longueur d’avance !

Et de fait, l’organisation qui veut se transformer et être prospère a l’opportunité de s’appuyer sur le talent et les compétences de ses collaborateurs via les dispositifs d’intrapreneuriat et d’innovation participative. »


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